Une ascension méconnue du massif du Grand Paradis
Avec Arno, nous voilà sur le départ de la montée vers le refuge Chabod. Nous croisons un collègue que je n’ai pas vu depuis bien longtemps.
Nous nous réjouissons de nous revoir et celui-ci me donne rendez-vous pour un brin de causette au refuge. Mais Arno et moi avons préféré rejoindre un petit bivouac au pied de notre voie…
Mon collègue s’étonne:” vous n’allez pas sur le Grand Paradis? je croyais qu’il n’y avait que ça dans le coin”…
“L’Herbetet!?, vraiment, je ne vois vraiment pas où cela peut se situer” nous lance-t-il avec étonnement.
Pourtant, l’Herbetet, c’est facile à repérer: c’est rocheux, c’est poitu et sa forme est une pyramide bien régulière. Une belle montagne, fort peu connue qui pourtant culmine à 3780m et offre un fantastique belvédère sur tout le massif.
Petite pause au refuge Chabod pour se désaltérer et prendre quelques informations auprès du gardien. Celui-ci nous répond qu’il ne souvient pas de la dernière fois que des alpinistes sont venus pour gravir cette montagne. Nous avons tout de même, outre le descrptif des 100 plus belles de Gian-Carlo Grassi, un topo récemment réalisé sur camptocamp.
Le gardien n’a fait qu’accroître le mystère de cette montagne, qui pourtant, “sur le papier” nous semble bien attractive. Nous repartons avec enthousiasme vers le bivouac Sberna.
Le bivouac est rustique mais la soirée fût agréable: nous avons le plein d’eau sur le bas du glacier et nous sommes confortablement installés dans des couvertures en très bon état. Il y a 6 places mais au delà de 3 personnes, je pense qu’on se sentirait vraiment à l’étroit.
Au petit matin, le vent d’ouest fait rage et nous repoussons notre départ de 2 heures pour attendre une température légèrement plus clémente.
Vues les conditions bien fraîches, nous décidons de gagner l’arête sud à la base de la tour “biforcata” en gravissant l’arête ouest juste au dessus du bivouac:
l’escalade y étant facile, on peut garder les gants ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Au niveau de la brèche sous la biforcata, l’itinéraire de l’arête sud se déroule grosso modo plutôt à l’est de celle-ci: nous voilà protégé du vent et l’escalade plaisir commence!
Du très beau rocher et une belle ambiance jusqu’au sommet: la vue sur les hauteurs du Valnontey est saisissante et aiguise notre curiosité. On reconnaît notamment les ruisseaux qui forment les cascades de Patri et de Repentance en hiver!
Du sommet, le retour est bien long et demande un peu d’attention, mais l’immersion dans ce vallon sauvage du Gran Neyron nous enchante. Une fois la ferrata franchie, la descente par les alpages de Mantandayné nous offre des parterrres de fleurs forts buccoliques et l’on peut s’enivrer du paysage superbe.
Cette course fût une belle surprise et nous encourage à sortir des sentiers battus. Si le rocher des zones faciles est somme toute tout-à-fait fréquentable, celui des parties raides est carrément sublime!